Elizabeth II, dans l'intimité du règne by Rivère Isabelle

Elizabeth II, dans l'intimité du règne by Rivère Isabelle

Auteur:Rivère,Isabelle [Rivère,Isabelle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-06-23T22:00:00+00:00


Vu de France…

La mort d’un souverain n’a aucune conséquence directe sur la conduite des affaires du pays. Le Premier ministre reste en place, la fin d’un règne ne change rien à la donne politique ou diplomatique du moment. Seule la relation des Britanniques à la figure du monarque, sur laquelle se projettent toujours tant de rêves et d’émotions très personnelles, s’en trouve profondément bouleversée. En ce mois de février 1952, l’homme de la rue vit la disparition de George VI, le roi courageux, honnête et timide, comme s’il pleurait un membre de sa famille. Un sentiment que ne paraissent toutefois pas partager les « élites ». Depuis 1937, la Grande-Bretagne a connu une guerre mondiale et évité de peu la faillite, elle a vu son prestige et son influence remis en cause par le délitement de l’Empire (illustré par l’accession à l’indépendance de l’Inde, en 1947) et l’irrésistible montée en puissance des États-Unis… « Sans doute le groupe infiniment restreint de la très haute société a-t-il pu se complaire, dans des confidences que l’on eût pu souhaiter plus réservées, à minimiser la perte subie par le pays : par eux-mêmes ou par leurs proches, les membres de cette coterie avaient pu approcher le souverain d’assez près pour apprécier les limites de son intelligence, la médiocrité de son goût en matière artistique et la très faible mesure dans laquelle il parvenait à cet ascendant indéfinissable que l’on attend d’un [monarque]20 », écrit l’ambassadeur de France à Londres, René Massigli, au ministre des Affaires étrangères Maurice Schuman, le 22 février. Ils ont pu railler « sa taille plutôt petite, son air timide, sa difficulté d’élocution », poursuit-il, tout comme « la coutume qu’il avait adoptée de rehausser d’un fond de teint sa pâleur naturelle », sa perte du titre d’empereur des Indes ou encore le fait que « dans les quinze années qu’il fut sur le trône, son pays, de premier créancier du monde, devint le principal débiteur21 ». En France, certains hauts responsables conservent eux aussi une image en demi-teinte de George VI depuis sa visite officielle à Paris, en 1938. Lors d’une revue militaire organisée en son honneur à Versailles, ils se souviennent que, en dépit des nombreux efforts déployés par le président Albert Lebrun pour lui faire admirer le spectacle, la seule réflexion du roi avait été par trois fois : « Que de poussière ! » Le soir du banquet donné à l’Élysée, les convives avaient trouvé le monarque tendu, entièrement préoccupé du discours qu’il avait à lire au dessert. « Le fait est qu’il a l’élocution lente et de la difficulté à prononcer certaines lettres, écrit Marguerite Lebrun, l’épouse du chef de l’État, dans son journal. Alors, pour ne pas bégayer, il s’arrête. Impression bien pénible pour les auditeurs et aussi pour la reine, dont je voyais battre la paupière22. »

Pourtant, commente l’ambassadeur René Massigli, « si la grandeur d’un roi peut se mesurer au parallélisme entre les qualités qu’il possède et celles qui, à une époque



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